Cette expression, telle quelle, est rarement utilisée, bien qu’il s’agisse d’un
diagnostic comme un autre. Il peut cependant arriver, dans de rares
circonstances, que ce soit celle qui convienne. Par exemple, le développement de
l’imagerie médicale, tout en améliorant les moyens diagnostiques et
thérapeutiques, a généré des séries d’images dont la signification n’était pas
toujours claire. Il s’est avéré que certaines images étaient évidemment
pathologiques, d’autres l’étaient peut-être, et d’autres étaient seulement des
images. L’expression « vous n’avez rien » peut convenir assez bien lors de la
découverte de ces images sans signification, et suffire à rassurer les patients (mais
il arrive que des comptes-rendus d’examens, même « normaux », laissent des
traces de doutes chez certains patients).
Si la situation ci-dessus est rare, il est en revanche très fréquent que le patient
entende : « Vous n’avez rien », même si ce n’est pas exactement ce qu’a dit le
médecin. Quelle que soit la formule utilisée par le médecin, elle signifie que ses
recherches n’ont pas mis en évidence de lésions ou autres anomalies
significatives. Le patient perçoit en général, dans ce cas, que le médecin est à la
fois soulagé, perplexe sur l’origine des troubles ressentis, et qu’il est moins
intéressé par cette pathologie puisque, justement, elle n’a pas de support
« organique » décelable [4].
Ces situations, fréquentes, concernent les pathologies dites « fonctionnelles ».
Les difficultés, souvent majeures, pour le patient et pour le médecin, paraissent
liées à deux sortes de fossés :
– d’une part, fossé entre le contenu des études hospitalières du médecin et le
contenu de son activité quotidienne. Tout naturellement, sans que l’on s’en
aperçoive, les pathologies fonctionnelles se trouvent reléguées au rang de
problèmes mineurs, « moins intéressants » pour le médecin [1] ;
– d’autre part, fossé entre le vécu de la situation par le patient d’un côté et par
le médecin de l’autre : comment le patient qui digère mal depuis vingt ans ou a
mal à la tête tous les dimanches pourrait-il comprendre pourquoi, d’une certaine
façon, le médecin ne paraît pas s’émouvoir outre mesure ?
L’annonce d’un diagnostic, qui peut être compris comme : « Vous n’avez rien »,
est automatiquement à l’origine d’un malentendu. Le malade, qui est le mieux
placé pour le savoir, « sait » qu’il ne va pas bien. Le médecin, qui a dit (ou laissé
entendre) qu’il ne trouvait rien, sait également que son patient ne va pas bien.
Ces conditions risquent de n’être pas favorables à une prise en charge
thérapeutique efficace.
Il n’existe qu’une façon de sortir de cette impasse : le médecin peut faire
comprendre, sereinement, à son patient que le fait qu’il n’aille pas bien alors que
ses examens sont normaux est une situation tout à fait digne d’intérêt. Mais ceci
est une autre histoire, dans la mesure où, en général, les médecins sont peu ou
mal préparés à faire face à ces situations.
Connclusion
L’annonce d’une maladie, ou de l’absence de maladie, ou d’un risque de
maladie engage personnellement le médecin. Cette démarche peut être simple
ou compliquée, selon la nature des problèmes, mais aussi en fonction des
personnalités du patient et du médecin. Le fait d’annoncer un diagnostic
demeure une des tâches importantes que le médecin ne peut déléguer. Il est
possible de se préparer à cette situation, en formation initiale et/ou continue,
mais il ne peut exister de « recette » toute faite. Une relation médecin-malade de
longue durée rend l’annonce d’un diagnostic, grave ou pas, à la fois plus facile et
plus difficile.
diagnostic comme un autre. Il peut cependant arriver, dans de rares
circonstances, que ce soit celle qui convienne. Par exemple, le développement de
l’imagerie médicale, tout en améliorant les moyens diagnostiques et
thérapeutiques, a généré des séries d’images dont la signification n’était pas
toujours claire. Il s’est avéré que certaines images étaient évidemment
pathologiques, d’autres l’étaient peut-être, et d’autres étaient seulement des
images. L’expression « vous n’avez rien » peut convenir assez bien lors de la
découverte de ces images sans signification, et suffire à rassurer les patients (mais
il arrive que des comptes-rendus d’examens, même « normaux », laissent des
traces de doutes chez certains patients).
Si la situation ci-dessus est rare, il est en revanche très fréquent que le patient
entende : « Vous n’avez rien », même si ce n’est pas exactement ce qu’a dit le
médecin. Quelle que soit la formule utilisée par le médecin, elle signifie que ses
recherches n’ont pas mis en évidence de lésions ou autres anomalies
significatives. Le patient perçoit en général, dans ce cas, que le médecin est à la
fois soulagé, perplexe sur l’origine des troubles ressentis, et qu’il est moins
intéressé par cette pathologie puisque, justement, elle n’a pas de support
« organique » décelable [4].
Ces situations, fréquentes, concernent les pathologies dites « fonctionnelles ».
Les difficultés, souvent majeures, pour le patient et pour le médecin, paraissent
liées à deux sortes de fossés :
– d’une part, fossé entre le contenu des études hospitalières du médecin et le
contenu de son activité quotidienne. Tout naturellement, sans que l’on s’en
aperçoive, les pathologies fonctionnelles se trouvent reléguées au rang de
problèmes mineurs, « moins intéressants » pour le médecin [1] ;
– d’autre part, fossé entre le vécu de la situation par le patient d’un côté et par
le médecin de l’autre : comment le patient qui digère mal depuis vingt ans ou a
mal à la tête tous les dimanches pourrait-il comprendre pourquoi, d’une certaine
façon, le médecin ne paraît pas s’émouvoir outre mesure ?
L’annonce d’un diagnostic, qui peut être compris comme : « Vous n’avez rien »,
est automatiquement à l’origine d’un malentendu. Le malade, qui est le mieux
placé pour le savoir, « sait » qu’il ne va pas bien. Le médecin, qui a dit (ou laissé
entendre) qu’il ne trouvait rien, sait également que son patient ne va pas bien.
Ces conditions risquent de n’être pas favorables à une prise en charge
thérapeutique efficace.
Il n’existe qu’une façon de sortir de cette impasse : le médecin peut faire
comprendre, sereinement, à son patient que le fait qu’il n’aille pas bien alors que
ses examens sont normaux est une situation tout à fait digne d’intérêt. Mais ceci
est une autre histoire, dans la mesure où, en général, les médecins sont peu ou
mal préparés à faire face à ces situations.
Connclusion
L’annonce d’une maladie, ou de l’absence de maladie, ou d’un risque de
maladie engage personnellement le médecin. Cette démarche peut être simple
ou compliquée, selon la nature des problèmes, mais aussi en fonction des
personnalités du patient et du médecin. Le fait d’annoncer un diagnostic
demeure une des tâches importantes que le médecin ne peut déléguer. Il est
possible de se préparer à cette situation, en formation initiale et/ou continue,
mais il ne peut exister de « recette » toute faite. Une relation médecin-malade de
longue durée rend l’annonce d’un diagnostic, grave ou pas, à la fois plus facile et
plus difficile.
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