Annoncer une maladie grave est une circonstance difficile. Selon le mode
d’exercice, cet événement survient plus ou moins souvent. En médecine générale,
c’est plusieurs fois par an, sinon par mois.
Le fait de devoir annoncer une maladie grave a une dimension éthique : faut-il
toujours dire tout, peut-on légitimement cacher « la vérité » ? Le Code de
déontologie (article 35), après avoir précisé que le médecin doit en principe
informer la personne qu’il soigne, ajoute : « Toutefois, dans l’intérêt du malade et
pour des raisons légitimes que le praticien apprécie en conscience, un malade
peut être tenu dans l’ignorance d’un diagnostic ou d’un pronostic graves, sauf
dans les cas où l’affection dont il est atteint expose les tiers à un risque de
contamination ». Ce texte a le mérite de préciser que seul « l’intérêt du malade »
justifie le silence du médecin. Cependant, une difficulté demeure : il n’est pas
toujours simple de déterminer de façon précise où se situe l’intérêt du malade. Il
serait souhaitable que le médecin puisse mesurer, chez son patient, le désir de
savoir ou de ne pas savoir. Même si c’est un peu plus réalisable dans le cas d’un
malade connu de longue date, cette appréciation reste en partie aléatoire. Par
exemple, le médecin peut estimer que son patient est trop fragile pour supporter
une annonce péjorative, ce qui n’est peut-être pas vraiment le cas. Inversement,
tel patient que l’on croit solide peut ne pas supporter l’annonce d’une maladie
grave. Si l’on décide de ne rien dire, il risque de s’installer, entre malade et
médecin, une relation où le « non-dit » va jouer un rôle éventuellement péjoratif.
Par ailleurs, le médecin peut être poussé à se taire en pensant que le doute sera
plus « confortable » pour tout le monde, y compris pour lui, médecin. Une fois la
situation de « mensonge » installée, il n’est pas toujours facile de revenir en arrière.
En dehors de toute considération théorique, il faut reconnaître, dans la
pratique quotidienne, que les patients qui veulent savoir savent (que l’on ait dit ou
non), et que ceux qui ne veulent pas savoir ne savent pas (que l’on ait dit ou pas).
En fait, il est possible que la question posée par ce type de situation ne soit
pas : « Faut-il dire la vérité ou pas ? », mais plutôt : « Comment partager cette vérité
avec le patient ? ».
Trois remarques s’imposent :
– la notion de « gravité » n’est claire qu’en apparence ;
– dans toute situation grave, le médecin est directement et personnellement
impliqué ;
– les conditions dans lesquelles s’effectue l’annonce d’une maladie grave ont
une importance telle que décrire une situation qui serait exemplaire ne serait que
fiction.
d’exercice, cet événement survient plus ou moins souvent. En médecine générale,
c’est plusieurs fois par an, sinon par mois.
Le fait de devoir annoncer une maladie grave a une dimension éthique : faut-il
toujours dire tout, peut-on légitimement cacher « la vérité » ? Le Code de
déontologie (article 35), après avoir précisé que le médecin doit en principe
informer la personne qu’il soigne, ajoute : « Toutefois, dans l’intérêt du malade et
pour des raisons légitimes que le praticien apprécie en conscience, un malade
peut être tenu dans l’ignorance d’un diagnostic ou d’un pronostic graves, sauf
dans les cas où l’affection dont il est atteint expose les tiers à un risque de
contamination ». Ce texte a le mérite de préciser que seul « l’intérêt du malade »
justifie le silence du médecin. Cependant, une difficulté demeure : il n’est pas
toujours simple de déterminer de façon précise où se situe l’intérêt du malade. Il
serait souhaitable que le médecin puisse mesurer, chez son patient, le désir de
savoir ou de ne pas savoir. Même si c’est un peu plus réalisable dans le cas d’un
malade connu de longue date, cette appréciation reste en partie aléatoire. Par
exemple, le médecin peut estimer que son patient est trop fragile pour supporter
une annonce péjorative, ce qui n’est peut-être pas vraiment le cas. Inversement,
tel patient que l’on croit solide peut ne pas supporter l’annonce d’une maladie
grave. Si l’on décide de ne rien dire, il risque de s’installer, entre malade et
médecin, une relation où le « non-dit » va jouer un rôle éventuellement péjoratif.
Par ailleurs, le médecin peut être poussé à se taire en pensant que le doute sera
plus « confortable » pour tout le monde, y compris pour lui, médecin. Une fois la
situation de « mensonge » installée, il n’est pas toujours facile de revenir en arrière.
En dehors de toute considération théorique, il faut reconnaître, dans la
pratique quotidienne, que les patients qui veulent savoir savent (que l’on ait dit ou
non), et que ceux qui ne veulent pas savoir ne savent pas (que l’on ait dit ou pas).
En fait, il est possible que la question posée par ce type de situation ne soit
pas : « Faut-il dire la vérité ou pas ? », mais plutôt : « Comment partager cette vérité
avec le patient ? ».
Trois remarques s’imposent :
– la notion de « gravité » n’est claire qu’en apparence ;
– dans toute situation grave, le médecin est directement et personnellement
impliqué ;
– les conditions dans lesquelles s’effectue l’annonce d’une maladie grave ont
une importance telle que décrire une situation qui serait exemplaire ne serait que
fiction.
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