Situation actuelle et objectifs


Les cancers ORL ou des voies aérodigestives supérieures
(VADS) regroupent les tumeurs solides de la cavité buccale,
du pharynx et du larynx.
Ils sont fréquents en Europe et particulièrement en France où leur
incidence annuelle, la plus élevée après la Hongrie, constitue le
cinquième cancer le plus fréquent, après les cancers du sein, du
côlon et du rectum, de la prostate et du poumon. En France, cette
incidence a été estimée en 2000 aux alentours de 20 000 nouveaux
cas chez l’homme (4e rang par ordre de fréquence) et
3 000 nouveaux cas chez la femme (14e rang par ordre de fréquence).
La mortalité chez l’homme, après un pic de fréquence à
39 pour 100 000 en 1976, a été divisée par 2 à ce jour, soit un
retour au taux de 1950. Chez la femme si la mortalité est bien
moindre, en revanche, elle a doublé depuis 1950, pour être à ce
jour aux alentours de 8 pour 100 000. La mortalité des carcinomes
des VADS est très inégale selon les régions françaises, dans
les départements du Nord Pas-de-Calais, elle approche du double
de celle des départements du Sud-Ouest [1].
En France, 90 % des décès par cancer des VADS chez l’homme
sont attribuables au tabac et/ou à l’alcool [1]. Il existe une
corrélation entre l’âge du début de l’exposition, la dose journalière,
la durée de l’exposition et le risque carcinologique. La
mortalité par cancers des VADS est 7 fois plus élevée chez les
fumeurs de cigarettes que chez les non-fumeurs et reste 3 fois
plus élevée chez les ex-fumeurs que chez les non-fumeurs. Le
rôle du cannabis comme carcinogène est établi [2], en particulier
dans l’incidence des cancers de la langue chez des sujets
de moins de 40 ans. En ce qui concerne l’alcool, le risque est
proportionnel à la dose d’alcool pur consommé, sans effet de
seuil. L’association alcool-tabac “surmultiplie” le risque relatif
de cancer des VADS : un sujet qui fume 25 cigarettes et boit 10
verres de vin (environ 100 g d’alcool pur) par jour voit son
risque relatif multiplié par 100.

D’autres facteurs de risque comme le bétel et les nitrosamines
carcinogènes pour le cancer de la cavité buccale, le virus EBV
(Epstein-Barr Virus) pour les carcinomes indifférenciés du nasopharynx
(UCNT), certains papillomavirus pour l’oropharynx ou le
larynx (HPV 16 et 18), l’exposition aux hydrocarbures polycycliques
pour la cavité buccale et le larynx, l’amiante pour le carcinome
du larynx, les poussières de bois pour l’adénocarcinome de
l’ethmoïde sont connus. L’immunodépression induite par certains
traitements post-greffes ou acquise comme pour le sida prédispose
à la survenue d’un cancer des VADS.
La meilleure prévention des cancers ORL passe par une réduction
effective et durable de la polyconsommation régulière du
tabac et de l’alcool. Des actions éducatives régionales précoces
sont à la base de toute politique de prévention.
Le particularisme de ces tumeurs rend compte de l’histoire
naturelle de ces cancers qui touchent le plus souvent l’homme
de 50 à 70 ans.
En effet, dans leur grande majorité ce sont des carcinomes
épidermoïdes plus ou moins différenciés (90 % des cas).
Ces tumeurs siègent dans une région anatomique complexe,
aux nombreuses localisations et sous-localisations, dont la
lymphophilie est importante (15 à 50 % d’atteinte ganglionnaire
selon le site tumoral pour les cous “N0”) [3]. Ces particularités
compliquent à la fois le bilan préthérapeutique et le
traitement (abord chirurgical, procédé de réparation, balistique
des radiations ionisantes à hautes doses, etc.).
En France, la distribution de ces tumeurs selon la localisation
est approximativement la suivante : cavités nasosinusiennes et
nasopharynx 5 %, lèvres 10 %, cavité buccale 20 %, oropharynx
25 %, larynx 25 %, hypopharynx 15 %.
Le diagnostic est fait le plus souvent à un stade tardif chez des
patients souvent négligents car l’évolution est essentiellement
locorégionale cervicofaciale, et c’est à un stade déjà avancé
que le syndrome de masse endocavitaire et/ou cervical va
entraîner un retentissement fonctionnel sur les fonctions de
déglutition et de respiration. Une adénopathie cervicale indolore
d’apparence isolée est souvent longtemps négligée par le
patient. Le larynx constitue une exception par la dysphonie
présente dès le début de la maladie pour les tumeurs de la
corde vocale.
Par ailleurs, on note la grande fréquence des localisations multiples
synchrones ou métachrones (10 à 20 %), le risque évolutif
important de récidive locorégionale et un taux de métastases
à distance (poumons, foie, os, système nerveux central)
de 5 à 15 %.
Les comorbidités associées sont fréquentes (plus de 50 % des cas
lors de la première consultation), notamment cardiorespiratoires,
hépatiques, vasculaires et les carences nutritionnelles multiples.
Enfin le caractère algique et mutilant de ces tumeurs malignes
qui vont devenir “visibles” aggrave le handicap et augmente
encore les difficultés thérapeutiques, compliquées de plus par
un contexte socioprofessionnel souvent difficile.
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Prise en charge the´rapeutique Une


Ils regroupent l’ensemble des le´sions radio-claires bien
de´limite´es [1]. La conservation de la vitalite´ pulpaire des
dents adjacentes et, ici, la localisation a` distance des e´le´-


ments dentaires permettent d’e´liminer les kystes odontoge`
nes et la lacune de Stafne [2]. Le kyste essentiel, le
kyste e´pidermoı ¨de, le granulome re´parateur central et l’ame´-
loblastome font partie, au contraire, des diagnostics envisageables Une intervention sous anesthe´sie ge´ne´rale est programme´e
e´tant donne´ le jeune aˆge de l’enfant. L’aspect be´nin initial de
la le´sion n’a pas justifie´ une biopsie pre´alable. Un abord
endobuccal, avec incision line´aire muqueuse jusqu’au contact
osseux re´alise´e en regard du germe de la dent 35 sur une
distance de 4 cm sous la ligne de jonction mucogingivale
vestibulaire, permet l’insertion d’une lame malle´able exposant
la corticale externe et la tre´panation osseuse conduisant
a` une cavite´ osseuse vide (fig. 4). Il n’est pas retrouve´ de
paroi kystique. Ne´anmoins, un curetage minutieux permet le
recueil de petits fragments osseux confie´s au laboratoire
d’anatomopathologie.
Le diagnostic est ici quasiment re´alise´ en perope´ratoire. La
cavite´ est entie`rement vide. Seul l’examen anatomopathologique
permet de poser le diagnostic de certitude : kyste
essentiel ou traumatique ou he´morragique. Une tre`s fine
membrane conjonctive riche en fibroblaste et tatoue´e de
grains d’he´moside´rine est observe´e a` l’examen microscopique.
Le contenu cavitaire est inexistant. Les suites ope´ratoires
sont simples. Cette tre´panation corticale est suffisante
pour stimuler la re´ge´ne´ration osseuse par le biais probable
d’une re´organisation du caillot sanguin forme´ [4]. Une surveillance
radiographique est propose´e, la gue´rison est favorable
en re`gle ge´ne´rale sans re´cidive.
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Rôle du médnecin généraliste


Face à des opérateurs de plus en plus spécialisés, le
médecin anesthésiste-réanimateur se positionne
comme un praticien de l’ensemble de la médecine
périopératoire, assurant ainsi, en plus d’une fonction
spécialisée (l’administration de l’anesthésie), une
fonction généraliste de prise en charge globale des
problèmes médicaux du patient. Le dialogue entre le
médecin généraliste et l’anesthésiste-réanimateur est
donc un acte important, qui permet d’assurer la
continuité de la prise en charge globale du patient.
Dans le cadre d’une bonne gestion de l’économie
de la santé, le médecin généraliste est idéalement
placé pour communiquer à l’anesthésiste-réanimateur
les informations du dossier médical du patient et les
résultats des examens complémentaires déjà
pratiqués, permettant de réduire la prescription inutile
d’examens complémentaires ou d’avis spécialisés et
les pertes de temps occasionnées par ceux-ci. Il est de
plus rassurant, pour le patient, de réaliser qu’une
continuité de la prise en charge médicale s’opère entre
le médecin généraliste, dans lequel il a investi sa
confiance de longue date, et l’équipe médicochirurgicale
qui se propose d’intervenir.

On peut regretter que la formation universitaire du
médecin généraliste ne comporte que depuis très peu
de temps un enseignement sur l’anesthésieréanimation,
et encore, souvent sous la forme d’un
enseignement optionnel. Le médecin généraliste est
pourtant l’interlocuteur privilégié des patients avant
une intervention, car ils trouvent auprès de lui un
soutien naturel, et bien souvent, c’est lui qui confie le
patient à l’équipe médicochirurgicale risques et bénéfices de l’intervention envisagée et de
l’anesthésie qui sera nécessaire. Une préparation
psychologique à l’intervention a lieu, comprenant
l’explication des consignes de jeûne préopératoire, l’explication du déroulement de l’acte anesthésique, y
compris le passage en salle de surveillance
postinterventionelle, voire en unité de soins intensifs,
de la douleur postopératoire et des moyens de la
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Risque anesthésique et opératoire


L’anesthésiste-réanimateur doit évaluer le risque
d’intubation trachéale difficile, source d’une morbidité
et d’une mortalité non négligeables, même si une
anesthésie locorégionale est programmée, car elle
peut toujours échouer ou se compliquer. L’incidence
de l’intubation trachéale difficile est évaluée entre 1 et
4%, mais elle dépend beaucoup du type de chirurgie :
0,5 à 2 % en chirurgie générale, 3 à 7% en
obstétrique, 10 à 20% en chirurgie carcinologique
oto-rhino-laryngologique (ORL). L’intubation
impossible survient dans 0,05 à 0,3% des cas. Ce
dépistage fait appel à des tests cliniques simples (test
de Mallampati, mesure de l’ouverture de bouche et de
la distance thyromentonnière) (fig 1). Lorsqu’une
intubation difficile est prévue, l’anesthésisteréanimateur
doit pouvoir disposer des techniques qui
lui permettront de réussir le contrôle des voies
aériennes (fibroscopie bronchique). En dehors de la
chirurgie carcinologique ORL ou de la chirurgie
trachéale, il n’est pas nécessaire de pratiquer des
examens complémentaires pour évaluer les difficultés
d’intubation trachéale.
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Patiennt allergique


Trois situations doivent être schématiquement
individualisées.
Dans la première, il existe des antécédents
allergiques (allergie médicamenteuse, alimentaire ou
aux hyménoptères, atopie, eczéma) ou faussement
attribués à l’allergie (réactions urticariennes ou
érythémateuses, réactions aux produits de contraste,
intolérance à l’aspirine), et l’on considère actuellement
qu’il n’y a pas lieu de pratiquer un bilan allergologique
préopératoire dans ces situations très fréquentes (15 à
20%des patients).
Dans la deuxième situation, le patient fait état d’une
allergie médicamenteuse rapportée aux anesthésiques
locaux (exceptionnelle) ou généraux (plus fréquente).
Dans 60 % des cas, ce sont les curares qui sont
incriminés [2]. Il est alors nécessaire de connaître les
produits qui ont été utilisés à ce moment, et de
pratiquer des tests cutanés avant l’intervention.
Enfin, chez certains patients, une allergie au latex
est suspectée. C’est le cas des professionnels de santé
portant des gants (10 à 15% sont sensibilisés), de
certaines professions exposées au latex, lorsque l’on
retrouve des signes cliniques évocateurs (prurit de
contact, rhinite, asthme, conjonctivite), des enfants
atteints de malformations urogénitales et
régulièrement sondés (40 à 50% sont sensibilisés), et
des allergies aux fruits (banane, avocat, kiwi). Il est
alors probablement justifié de pratiquer un test
préopératoire au latex. En effet, actuellement, l’allergie
au latex représente près de 20 % des chocs
anaphylactiques périopératoires [2].
Ces tests allergiques sont le plus souvent des tests
cutanés, parfois associés, pour le latex, au dosage des
anticorps et au test du port de gants. Ils sont pratiqués
en milieu allergologique, rarement dans le cadre de la
consultation d’anesthésie.
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Patiennt cardiaque


L’anesthésie, l’intervention chirurgicale et la période
postopératoire constituent, pour le patient atteint
d’une cardiopathie, une épreuve de stress qui risque de
se traduire par des complications cardiaques
périopératoires majeures [5]. Ces dernières années ont
vu se développer des recommandations consensuelles
pour l’évaluation cardiovasculaire périopératoire [4].
Les grands principes sont les suivants :
– cette évaluation impose une collaboration étroite
entre le cardiologue, l’anesthésiste-réanimateur et le
chirurgien ;
– elle utilise les mêmes techniques et thérapeutiques
que celles utilisées en dehors du contexte
opératoire ;
– cependant, le caractère urgent de l’intervention,
les facteurs de risque du patient et le type de chirurgie
modulent de façon importante cette évaluation.
Il faut souligner que la revascularisation
coronarienne préopératoire (pontage, angioplastie) est
rarement indiquée, et que, là encore, un examen ne se
justifie que s’il est susceptible de modifier le traitement
et/ou la prise en charge périopératoire du patient, et
donc potentiellement son pronostic.
L’essentiel de l’évaluation préopératoire du patient
cardiaque repose sur l’interrogatoire, l’examen clinique
et l’ECG, et en particulier sur la tolérance à l’effort, afin
de déceler des cardiopathies pouvant s’accompagner
de complications périopératoires graves : maladie
coronarienne, insuffisance cardiaque congestive,
arythmies graves. La sévérité et la stabilité de la
maladie cardiaque, ainsi que l’efficacité des
thérapeutiques en cours, doivent être analysées. Les
indications préopératoires de la coronarographie sont
finalement proches des indications en dehors du
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Examens biologiques


En l’absence de contexte clinique particulier, et pour
une chirurgie mineure, il n’y a pas lieu de pratiquer une
numération globulaire, un ionogramme plasmatique,
une créatininémie ou encore une glycémie à jeun, et a
fortiori un bilan hépatique. La numération plaquettaire
doit probablement être pratiquée lorsqu’une
anticoagulation postopératoire par héparine est
prévue (risque de thrombopénie par allergie à
l’héparine).
La principale modification intervenue dans le bilan
préopératoire concerne le bilan d’hémostase (taux de
prothrombine, temps de céphaline activé). Pour bien la
comprendre, plusieurs notions sont essentielles. Tout
d’abord, le meilleur outil de dépistage des anomalies
de l’hémostase est un interrogatoire bien conduit, et
non la réalisation d’une batterie de tests biologiques.
Deuxièmement, les anomalies éventuellement
dépistées par des examens biologiques ne prédisent
pas de manière fiable les accidents hémorragiques
périopératoires. Enfin, la réalisation systématique de
ces tests d’hémostase expose à des faux positifs assez
nombreux, sources d’investigations complémentaires
et de retards non négligeables. En pratique, il n’y a
souvent pas lieu de prescrire ces examens, sauf pour
les patients traités par anticoagulants, pour les patients
à risque d’anomalies constitutionnelles de l’hémostase
(hémophilie, maladie de von Willebrand), qui sont
dépistés par l’interrogatoire, et pour les patients à
risque d’anomalies acquises de l’hémostase (maladies
hépatobiliaires, dénutrition, cancer, alcoolisme).
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Particularnités de la femme enceinte


Les femmes enceintes se voient proposer de plus
en plus fréquemment l’anesthésie péridurale pour
l’accouchement. Le groupe sanguin est obligatoire en
obstétrique pour dépister une immunisation, et la
pratique d’une sérologie VIH tend à se généraliser. La
réalisation d’un bilan d’hémostase n’est pas nécessaire
pour pratiquer une anesthésie péridurale. Toutefois,
un certain nombre de patientes présentent une
thrombopénie qui peut être une contre-indication à ce
geste (en dessous de 80-100 G·l-1), en raison d’une
augmentation du risque d’hématome et de
compression médullaire. Toutefois, cette thrombopénie
peut être facilement dépistée lors du bilan
biologique du sixième mois, qui comporte
obligatoirement une numération globulaire. Seules les
patientes ayant une thrombopénie inférieure à 200
G·l-1 devraient bénéficier d’un contrôle en salle de
travail.
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Examens prétransfusionnels



La réalisation d’un groupe sanguin (groupe, Rhésus,
recherche d’agglutinines irrégulières [RAI]) ne doit être
faite que si la possibilité d’une transfusion sanguine
périopératoire est raisonnablement envisagée. Il faut
souligner que la pratique systématique du groupage
des patients opérés est coûteuse, et souvent inutile. De
plus, en cas d’urgence imprévue, il est toujours
possible d’obtenir du centre d’hémobiologie du sang,
sans groupage ni RAI (distribution sous l’entière
responsabilité du médecin prescripteur). La décision de
pratiquer ces examens doit tenir compte du risque
hémorragique de l’intervention, des antécédents
transfusionnels du patient, et des conditions de
distribution des produits sanguins sur le site opératoire.
Lorsque le patient dispose d’une carte de groupe
sanguin, une seule nouvelle détermination est exigée
du centre d’hémobiologie. La RAI est obligatoire
lorsqu’une détermination du groupe sanguin est
effectuée. Sa durée de validité est de 3 jours, mais cet
examen est valable plusieurs semaines, dans la
période périopératoire, si toutefois aucune transfusion
ne vient modifier le statut immunologique du patient.
Lorsqu’une transfusion est réalisée, le médecin
anesthésiste doit en informer son patient et réaliser,
3 à 4 mois plus tard, des examens sérologiques (virus
de l’immunodéficience humaine [VIH], hépatites B et
C), biologiques (transaminases), et immunohématologiques
(RAI). Comme une proportion non
négligeable de patients est déjà infectée en
préopératoire, il est recommandé de réaliser des
sérologies préopératoires (VIH, hépatites B et C)
lorsqu’une transfusion est envisagée. Le patient doit
alors être informé, préalablement, de la réalisation
d’une sérologie VIH.
L’ensemble de ces examens (groupe, RAI,
sérologies) est inutile si le patient entre dans un
programme d’autotransfusion programmée, car ils
sont alors systématiquement réalisés par le centre
d’hémobiologie qui le prend en charge.
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Peut-on annoncern: « Vous n'avez rien


Cette expression, telle quelle, est rarement utilisée, bien qu’il s’agisse d’un
diagnostic comme un autre. Il peut cependant arriver, dans de rares
circonstances, que ce soit celle qui convienne. Par exemple, le développement de
l’imagerie médicale, tout en améliorant les moyens diagnostiques et
thérapeutiques, a généré des séries d’images dont la signification n’était pas
toujours claire. Il s’est avéré que certaines images étaient évidemment
pathologiques, d’autres l’étaient peut-être, et d’autres étaient seulement des
images. L’expression « vous n’avez rien » peut convenir assez bien lors de la
découverte de ces images sans signification, et suffire à rassurer les patients (mais
il arrive que des comptes-rendus d’examens, même « normaux », laissent des
traces de doutes chez certains patients).
Si la situation ci-dessus est rare, il est en revanche très fréquent que le patient
entende : « Vous n’avez rien », même si ce n’est pas exactement ce qu’a dit le
médecin. Quelle que soit la formule utilisée par le médecin, elle signifie que ses
recherches n’ont pas mis en évidence de lésions ou autres anomalies


significatives. Le patient perçoit en général, dans ce cas, que le médecin est à la
fois soulagé, perplexe sur l’origine des troubles ressentis, et qu’il est moins
intéressé par cette pathologie puisque, justement, elle n’a pas de support
« organique » décelable [4].
Ces situations, fréquentes, concernent les pathologies dites « fonctionnelles ».
Les difficultés, souvent majeures, pour le patient et pour le médecin, paraissent
liées à deux sortes de fossés :
– d’une part, fossé entre le contenu des études hospitalières du médecin et le
contenu de son activité quotidienne. Tout naturellement, sans que l’on s’en
aperçoive, les pathologies fonctionnelles se trouvent reléguées au rang de
problèmes mineurs, « moins intéressants » pour le médecin [1] ;
– d’autre part, fossé entre le vécu de la situation par le patient d’un côté et par
le médecin de l’autre : comment le patient qui digère mal depuis vingt ans ou a
mal à la tête tous les dimanches pourrait-il comprendre pourquoi, d’une certaine
façon, le médecin ne paraît pas s’émouvoir outre mesure ?
L’annonce d’un diagnostic, qui peut être compris comme : « Vous n’avez rien »,
est automatiquement à l’origine d’un malentendu. Le malade, qui est le mieux
placé pour le savoir, « sait » qu’il ne va pas bien. Le médecin, qui a dit (ou laissé
entendre) qu’il ne trouvait rien, sait également que son patient ne va pas bien.
Ces conditions risquent de n’être pas favorables à une prise en charge
thérapeutique efficace.
Il n’existe qu’une façon de sortir de cette impasse : le médecin peut faire
comprendre, sereinement, à son patient que le fait qu’il n’aille pas bien alors que
ses examens sont normaux est une situation tout à fait digne d’intérêt. Mais ceci
est une autre histoire, dans la mesure où, en général, les médecins sont peu ou
mal préparés à faire face à ces situations.

Connclusion
L’annonce d’une maladie, ou de l’absence de maladie, ou d’un risque de
maladie engage personnellement le médecin. Cette démarche peut être simple
ou compliquée, selon la nature des problèmes, mais aussi en fonction des
personnalités du patient et du médecin. Le fait d’annoncer un diagnostic
demeure une des tâches importantes que le médecin ne peut déléguer. Il est
possible de se préparer à cette situation, en formation initiale et/ou continue,
mais il ne peut exister de « recette » toute faite. Une relation médecin-malade de
longue durée rend l’annonce d’un diagnostic, grave ou pas, à la fois plus facile et
plus difficile.
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Annoncer un rnisque prévention


Les grandes collectivités, nationales et/ou internationales, font régulièrement
des états des lieux de la santé, dans différents domaines. Il s’agit de données

Médecinne prédictive
Il s’agit d’un des derniers avatars de la médecine préventive. Selon toute
vraisemblance, cette partie de l’exercice médical est appelée à se développer
considérablement. La précision croissante des diagnostics génétiques pourra sans
doute permettre, à la naissance (ou avant), d’avoir le calendrier prévisionnel des
ennuis de santé, graves ou pas, qui vous attendent dans l’existence. À première
vue, il s’agit là d’un grand progrès, mais qui pose nombre de questions éthiques.
Certaines d’entre elles paraissent, pour l’instant, à peu près insolubles. Ces
questions difficiles concernent toutes l’annonce d’un diagnostic à un patient.
Le terme de diagnostic lui-même, dans cette situation, invite à la réflexion,
puisqu’il s’agit d’analyser les gènes d’un foetus, d’un enfant ou d’un adulte
indemnes de toute pathologie apparente, mais qui développeront, ou risqueront
de développer des maladies graves dans les années ultérieures. De plus,
d’habitude, le diagnostic concerne un individu donné, alors que dans ce cas, la
constatation d’un gène défectueux concerne cet individu mais également sa
descendance. Comme dans toute situation où la génétique est en cause, ce qui va
être annoncé (ou caché) à un patient doit donc être particulièrement bien pesé.
Si les problèmes de santé prévisibles par une analyse génétique étaient à la
fois certains de survenir et évitables par une attitude médicale préventive et/ou
thérapeutique, il s’agirait bien d’un progrès. Dans ces conditions, l’annonce du
diagnostic s’imposerait, qu’il s’agisse d’un foetus, d’un enfant ou d’un adulte. Le
fait que la pathologie en cause devrait se manifester de façon certaine mais
qu’elle serait alors accessible au traitement imposerait une grande vigilance.
La découverte d’une anomalie génétique dont on est sûr qu’elle se traduira par
une pathologie grave, mais contre laquelle il n’y a ni prévention ni traitement,
pose quant à elle des questions d’ordre éthique. C’est le cas, par exemple, de la


maladie d’Huntington. Si l’on découvre, chez le frère ou la soeur d’un patient
atteint de cette maladie, qu’il/ou elle est porteur(se) de l’anomalie génétique en
cause, dans quelles conditions peut-on le leur annoncer ? En fait, la question se
pose avant même d’avoir fait le test, et il n’est pas évident d’y répondre [6].
Dans un autre cas de figure, les données génétiques concernent des risques de
survenue d’une pathologie, mais pas de certitude. Certains parlent alors de
« gènes de susceptibilité ». C’est le cas de certaines formes de cancers du sein. Les
problèmes éthiques posés sont encore plus compliqués que dans le cas de la
maladie de Huntington. En effet, la présence de l’anomalie génétique ne suffit pas
à affirmer qu’un cancer se développera. En sens inverse, l’absence de cette même
anomalie ne met pas à l’abri ces personnes des formes non héréditaires des
cancers du sein. Comme le cancer du sein reste une pathologie fréquente, il est
tentant, malgré tout, de proposer ces tests génétiques, au moins dans les familles
« à risques ». Tentant, mais avec quelle efficacité, sachant que les méthodes de
prévention du cancer du sein restent à mettre au point ?
Cette forme (récente) de l’exercice de la médecine illustre le fait qu’il ne suffit
pas de faire des diagnostics : il faut également décider dans quels cas il est
pertinent de les communiquer, décisions qui sont très difficiles à prendre et font
intervenir de nombreux facteurs.
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Les conditions d’annonce d’une maladie grave ont de l’importance


Contrairement à ce que l’on dit parfois, la médecine « de famille » n’a pas
disparu. Il est donc resté courant de suivre une famille sur une ou plusieurs
générations, dans un milieu connu du médecin généraliste. Dans ces conditions,
la survenue d’une maladie grave, voire l’approche d’un décès sont des
événements qui prennent place dans une trame relationnelle au long cours.
Apprendre à un inconnu qu’il est atteint d’une maladie grave peut s’avérer
difficile. Mais l’apprendre à quelqu’un que l’on soigne depuis vingt ans, dont on
soigne les parents et les enfants, ne ressemble en rien à un acte anonyme.
L’affectivité du médecin, son parcours de vie personnel, ses propres angoisses, les
liens qui se sont créés avec une personne malade et sa famille, tous ces éléments
vont intervenir quand il va annoncer la mauvaise nouvelle.
Dans la pratique, il n’est pas très fréquent que le médecin généraliste
aboutisse, seul, à un diagnostic de cancer par exemple. Il peut le soupçonner,
mais la certitude nécessite souvent des examens spécialisés. C’est donc le ou les
spécialistes concernés qui vont « savoir » les premiers. Ils ont alors le choix, soit
d’annoncer eux-mêmes le diagnostic (ou de le laisser comprendre), soit de laisser
ce soin au médecin généraliste qui suit habituellement le patient (quand ce
dernier a un généraliste).
S’il est possible de parler de « confort » dans ces circonstances, peut-être est-il
moins inconfortable pour un patient de se faire annoncer une nouvelle péjorative
par un médecin qu’il connaît bien. En effet, ce dernier est en principe le mieux
placé :
– pour juger de la capacité de son patient à entendre « la vérité » ;
– pour savoir quand aborder cette vérité ;
– pour estimer à quelle « dose » donner cette vérité ;
– pour se faire aider dans sa tâche par les proches du patient ;
– pour gérer, simultanément, les réactions prévisibles d’un entourage qu’il
connaît souvent bien.
Par la suite, une fois la mauvaise nouvelle transmise, le médecin de famille va
encore aider son patient, pendant un temps plus ou moins long, à faire le travail
d’acceptation de la réalité. Certains patients en ont la capacité, d’autres pas. Mais,
dans ces circonstances, le généraliste qui connaît bien son patient demeure le
personnage proche capable d’apporter une aide technique, psychologique, voire
amicale. chiffrées, statistiques, à l’échelle de populations. Les responsables politiques en
tirent généralement des indications qui leur permettent de lancer des campagnes
de prévention. L’intérêt des études statistiques est de réduire l’imprédictibilité des
problèmes de santé, en sachant que cette réduction ne concerne que des
populations données, mais pas les individus pris isolément.
Au niveau de l’exercice quotidien de la médecine, ces données statistiques ont
un certain intérêt. Mais l’annonce d’un risque, qui fait partie du travail normal du
médecin, se situe dans un contexte différent : il s’agit d’une entreprise d’individu à
individu, souvent au long cours, tenant compte de la personnalité du patient,
émaillée d’échecs plus que de succès. C’est bien d’un diagnostic qu’il est question.
Il pourrait, le plus souvent, se formuler de la façon suivante : « Vous n’êtes pas
malade aujourd’hui. Mais votre mode de vie vous expose statistiquement à
développer telle ou telle pathologie. Je suis en mesure de vous donner quelques
conseils, mais c’est à vous de voir ce que vous pouvez faire ». En réalité, à
l’échelon individuel, le fait de conseiller de moins boire d’alcool, de mieux
manger, de ne pas fumer, de faire du sport, etc., représente une activité utile, sans
plus. Il serait plus intéressant (et potentiellement plus efficace), de comprendre en
profondeur ce qui fait qu’untel boit trop, qu’unetelle s’est laissée prendre trente
kilogrammes, qu’ils fument tous les deux et n’ont aucune activité physique. Il
s’agit alors d’un réel « diagnostic de situation préventive », qui peut mettre
longtemps à s’élaborer, qui risque de rester incomplet, qui ne débouchera pas
nécessairement sur des modifications efficaces de comportements, mais qui fait
partie intégrante du travail médical quotidien.
Quand il fait de « l’information préventive » à ses patients, le médecin se doit de
mesurer, autant que possible, l’impact de ses conseils d’hygiène de vie. Beaucoup
de personnes savent bien qu’elles n’ont pas un mode de vie conforme aux
injonctions des médecins ou des médias. Beaucoup en sont, à des degrés divers,
culpabilisées. Si ces personnes sentent que leur médecin est prêt à les
comprendre et à les aider, une prévention « réelle » va peut-être s’instaurer. Si elles
reçoivent des messages tels que : « Si vous ne maigrissez pas (ou n’arrêtez pas de
fumer etc.) je ne m’occupe plus de vous », il est possible qu’un certain degré
d’anxiété s’ajoute à la probable culpabilité.
Comme lors de l’annonce d’une maladie grave, le médecin se retrouve face à
lui-même quand il s’occupe de prévention, du moins au niveau des
comportements à risques. Un médecin qui fume est-il crédible et/ou efficace
quand il interdit de fumer ? Celui qui n’a aucune activité physique peut-il
conseiller le sport sans arrière-pensée ? Il est possible que des conseils dans de
telles conditions soient malgré tout pertinents, si le médecin reconnaît qu’il est
lui-même incapable d’appliquer telle ou telle règle d’hygiène, mais qu’il les trouve
cependant utiles pour son patient
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Dans toute situation grave, le médecin est personnellement impliqué


Comme chaque fois qu’il est question de mort, même si ce n’est pas de façon
imminente, le médecin est personnellement concerné. Pourtant, pendant les
études de médecine, tout a été fait pour que son affectivité personnelle
n’intervienne pas (ou le moins possible) dans son activité de médecin. L’accent a
toujours été mis sur la dimension biotechnique de son métier, aux dépens de sa
dimension affective et relationnelle. Plus ou moins explicitement, on lui a fait
comprendre qu’il devait, pour des raisons de sécurité, se conduire en technicien
« froid ». Mais rien ne peut empêcher un médecin de souffrir, fut-il chevronné, par
exemple au moment de l’annonce d’un cancer chez un adolescent. Il en est de
même dans d’autres événements dramatiques. Dans toutes ces circonstances, la
notion de « distance thérapeutique », même si elle reste de rigueur, devient difficile
à gérer.
En tout état de cause, si le médecin aimerait bien oublier qu’il peut
éventuellement être lui-même gravement malade, il ne peut pas oublier que,
comme tout un chacun, il est lui aussi mortel. Ces sentiments, communs chez
toute personne, interviennent, qu’il le veuille ou non, chez le médecin qui
annonce une mauvaise nouvelle.
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La notion de gravité n’est claire qu’en apparence


La notion de « gravité » ne se réduit pas à un risque vital plus ou moins proche.
Un diabète insulinodépendant est une maladie sérieuse chez tout patient, mais
c’est une pathologie grave chez un patient débile et/ou vivant dans de mauvaises
conditions d’hygiène. Ceci étant, la question de savoir s’il faut ou non cacher un
diagnostic défavorable peut se poser quand le pronostic vital est en cause, à plus
ou moins long terme, et surtout si ce terme est proche. En revanche, même s’il
s’agit d’une maladie « grave », il n’est guère envisageable de cacher, par exemple,
un diagnostic de diabète insulinodépendant ou un diagnostic de polyarthrite
rhumatoïde.
Par ailleurs, la perception du degré de gravité n’est pas obligatoirement la
même chez le patient et chez le médecin. Une mère à qui l’on annonce que son
enfant a de l’eczéma ou de l’asthme peut parfois penser, malgré l’avis émis par le
médecin, qu’il s’agit de maladies « graves » (ce qui, occasionnellement, peut
d’ailleurs être le cas).
La maladie « grave » la plus courante en occident reste le cancer, malgré les
progrès importants dans ce domaine. Il se trouve que les médias accréditent
largement l’idée que l’on guérit maintenant beaucoup de cancers. En même temps, des procès de plus en plus nombreux accusent les médecins de rétention
d’information. Le résultat est que l’annonce du diagnostic de cancer est devenue
plus fréquente, même si elle est restée difficile. Sans doute parce qu’elles sont
moins fréquentes, des pathologies aussi sévères que, par exemple, une
mucoviscidose ou certaines dégénérescences neurologiques occupent moins le
devant de la scène.
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Annoncer unne maladie grave


Annoncer une maladie grave est une circonstance difficile. Selon le mode
d’exercice, cet événement survient plus ou moins souvent. En médecine générale,
c’est plusieurs fois par an, sinon par mois.
Le fait de devoir annoncer une maladie grave a une dimension éthique : faut-il
toujours dire tout, peut-on légitimement cacher « la vérité » ? Le Code de
déontologie (article 35), après avoir précisé que le médecin doit en principe
informer la personne qu’il soigne, ajoute : « Toutefois, dans l’intérêt du malade et
pour des raisons légitimes que le praticien apprécie en conscience, un malade
peut être tenu dans l’ignorance d’un diagnostic ou d’un pronostic graves, sauf
dans les cas où l’affection dont il est atteint expose les tiers à un risque de
contamination ». Ce texte a le mérite de préciser que seul « l’intérêt du malade »
justifie le silence du médecin. Cependant, une difficulté demeure : il n’est pas
toujours simple de déterminer de façon précise où se situe l’intérêt du malade. Il
serait souhaitable que le médecin puisse mesurer, chez son patient, le désir de
savoir ou de ne pas savoir. Même si c’est un peu plus réalisable dans le cas d’un
malade connu de longue date, cette appréciation reste en partie aléatoire. Par
exemple, le médecin peut estimer que son patient est trop fragile pour supporter
une annonce péjorative, ce qui n’est peut-être pas vraiment le cas. Inversement,
tel patient que l’on croit solide peut ne pas supporter l’annonce d’une maladie
grave. Si l’on décide de ne rien dire, il risque de s’installer, entre malade et
médecin, une relation où le « non-dit » va jouer un rôle éventuellement péjoratif.
Par ailleurs, le médecin peut être poussé à se taire en pensant que le doute sera
plus « confortable » pour tout le monde, y compris pour lui, médecin. Une fois la
situation de « mensonge » installée, il n’est pas toujours facile de revenir en arrière.
En dehors de toute considération théorique, il faut reconnaître, dans la
pratique quotidienne, que les patients qui veulent savoir savent (que l’on ait dit ou
non), et que ceux qui ne veulent pas savoir ne savent pas (que l’on ait dit ou pas).
En fait, il est possible que la question posée par ce type de situation ne soit
pas : « Faut-il dire la vérité ou pas ? », mais plutôt : « Comment partager cette vérité
avec le patient ? ».
Trois remarques s’imposent :
– la notion de « gravité » n’est claire qu’en apparence ;
– dans toute situation grave, le médecin est directement et personnellement
impliqué ;
– les conditions dans lesquelles s’effectue l’annonce d’une maladie grave ont
une importance telle que décrire une situation qui serait exemplaire ne serait que
fiction.
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Faut-il parfois se taire



Une précision tout d’abord : il ne s’agit pas, ici, de taire un diagnostic péjoratif
ou un pronostic défavorable, événements qui seront abordés plus loin. Il s’agit de
se demander si le fait d’annoncer un diagnostic est nécessairement une action
positive. Bien entendu, cette question ne se pose pas dans tous les cas : chaque
fois qu’une action thérapeutique adaptée peut améliorer un pronostic, il faut
formuler le diagnostic et le communiquer. Mais, dans de nombreuses
circonstances, les choses ne sont pas si simples. Annoncer à un patient (par
exemple) : « Vous avez une colopathie fonctionnelle » ou « une insomnie liée au
stress », sont des éventualités fréquentes. Ce sont aussi des situations qui, bien
que ne mettant pas habituellement la vie en danger, peuvent perturber
longtemps et profondément l’existence de certains patients. Ces deux « situations
diagnostiques » (parmi beaucoup d’autres), ont plusieurs points communs :
– il est souvent difficile de préciser le substratum anatomopathologique de ces
pathologies ;
– les étiologies à l’origine de ces tableaux cliniques sont imprécises ;
– le poids engendré par ces pathologies est lourd, voire très lourd, pour le
patient, la collectivité (et le médecin) ;
– « l’impression diagnostique » laisse penser que les symptômes de ces
patients concernent certains organes et/ou fonctions, mais aussi l’ensemble de la
personnalité du patient ;
– les thérapeutiques, souvent décevantes, essaient en général d’être aussi peu
iatrogènes que possible.
Dans ces situations diagnostiques parfois peu claires, l’attitude à adopter au
moment où il faut bien « annoncer un diagnostic » mérite réflexion :
– il est toujours possible de dire : « Vous avez une colopathie fonctionnelle (ou
une spasmophilie, ou une dystonie neurovégétative etc.) » ;
– il est également possible de dire : « J’ai une idée relativement claire de ce que
vous n’avez pas, mais je ne vois pas de façon précise ce qui vous rend malade » ;
– enfin, s’il est possible (théoriquement) de déclarer : « Vous n’avez rien » , il
s’agit d’une situation rare et d’une formulation discutable, dans la mesure où il
peut s’agir alors d’un renvoi pur et simple.
Dans le premier cas, le « diagnostic » , quand il s’agit d’une pathologie peu
claire, peut ressembler à une entreprise de « colmatage » , de « ravalement de
façade » : le médecin ne perd pas la face, en donnant des noms d’allure
scientifique aux événements. Il peut même se donner l’illusion, de cette façon, de
rester maître du jeu. Il faut remarquer que c’est le fait de donner un nom à une
pathologie qui risque de figer les choses, de permettre éventuellement au patient
d’organiser le reste de son existence autour d’un mot, d’un concept. La nature du
mot utilisé n’est pas en cause. Par exemple, il est possible de dire, à la place de
« côlon irritable », « névrose organisée autour du côlon » : il n’est pas évident que
cette façon de faire sera plus efficace. Dans un cas de figure un peu différent, le
diagnostic peut être le résultat d’une sorte de consensus entre patient et médecin.
Chacun des deux protagonistes sait que l’accord porte sur quelque chose de peu
précis, mais chacun sait également que ce quelque chose justifie le fait que le
patient a un motif d’aller consulter. Il s’agit d’une sorte de laisser-passer qui donne
droit au patient « d’utiliser » le médecin en ayant une bonne raison de le faire. Ce
consensus peut permettre, au cours de consultations éventuellement répétées,
d’aborder toutes sortes de problèmes, en fonction des demandes du patient.
Dans le deuxième cas, le fait que le médecin déclare qu’il ne comprend pas
tout n’est pas une absence de diagnostic. C’est un constat, qui a même pour lui
une certaine honnêteté. Il faut reconnaître que certains patients peuvent mal
supporter cette situation. Ils peuvent penser, soit que le médecin n’est pas capable
de déterminer la nature de leur problème, soit, ce qui est pire, que le médecin ne
les croit pas « vraiment » malades. En revanche, l’attitude du médecin qui consiste
à déclarer qu’il ne comprend pas tout, laisse une porte de sortie au patient : celle
de découvrir lui-même, en prenant le temps s’il le faut, quelle est la nature exacte
de ses problèmes (Socrate, et sa maïeutique, n’aurait pas renié cette attitude).
Malheureusement, seuls certains patients sont capables de cette démarche.
Comme il n’est pas évident, au départ, de savoir qui en est capable, mieux vaut
considérer que tous les patients peuvent comprendre seuls, en général, plus de

choses que l’on ne le pense. L’évolution personnelle d’un patient sera peut-être
plus favorable s’il n’est pas obnubilé par un mot (colopathie, insomnie, éthylisme).
Mais cette possibilité d’évolution nécessite également que le patient perçoive,
chez son médecin, une capacité à ressentir, comme lui-même, certaines
émotions [2].
Le troisième cas (l’utilisation du « vous n’avez rien » ) est abordé plus loin.
Si l’annonce d’un diagnostic peut aller de soi, mieux vaut réfléchir chaque fois
que l’on est tenté de communiquer un diagnostic « de circonstance » , les
conséquences en étant difficiles à prévoir.
Annoncer u
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Le mode d’exercice influence-t-il l’élaboration d’un diagnostic


Annoncernun diagnostic
veut dire que l'on est sûr de soi


Tout d’abord, force est de constater que si sa consultation n’aboutit pas à un
diagnostic, le médecin peut se sentir frustré L’ensemble de sa formation a eu
comme objectif de faire de lui un expert en diagnostic Toute sa formation


Le processus intellectuel qui permet au médecin d’aller de la plainte du malade
à l’établissement d’un diagnostic est à peu près le même dans toutes les formes
d’exercice de la médecine (il peut être différent dans les médecines dites
« différentes ») Toutefois, spécialistes et généralistes n’ont pas exactement la
même position vis-à-vis du diagnostic
– Le médecin spécialiste a toujours la possibilité de dire : « Je ne nie pas votre
problème Mais il ne correspond à aucun des diagnostics possibles dans ma spécialité Il vous faut consulter un autre spécialiste » Cette façon de faire
n’empêche pas toujours le spécialiste de formuler, lui aussi, des diagnostics
approximatifs, de circonstance
– Le médecin de médecine générale n’est pas dans la même position : il peut
se faire aider en demandant l’avis technique de tel ou tel spécialiste, mais,
ensuite, il n’a plus de refuge Il se sent le plus souvent obligé de dire,
« techniquement », de quoi il s’agit, et se sent peu à l’aise quand, justement, il ne
sait pas trop de quoi il s’agit D’où le recours à des diagnostics dont la rigueur n’est
pas toujours assurée choses que l’on ne le pense L’évolution personnelle d’un patient sera peut-être
plus favorable s’il n’est pas obnubilé par un mot (colopathie, insomnie, éthylisme)
Mais cette possibilité d’évolution nécessite également que le patient perçoive,
chez son médecin, une capacité à ressentir, comme lui-même, certaines
émotions [2]
Le troisième cas (l’utilisation du « vous n’avez rien » ) est abordé plus loin
Si l’annonce d’un diagnostic peut aller de soi, mieux vaut réfléchir chaque fois
que l’on est tenté de communiquer un diagnostic « de circonstance » , les
conséquences en étant difficiles à prévoir
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Des diagnostics fantaisistes



Faire et communiquer un diagnostic de varicelle ou de fracture de la clavicule
n’est habituellement pas particulièrement difficile À condition toutefois que les
circonstances soient simples et les patients indemnes d’autres problèmes
Mais si les diagnostics simples cadrés sans ambiguïté existent bien ils sont
plutôt moins fréquents que les situations diagnostiques floues incomplètes
provisoires : toutes les descriptions de l’activité des médecins généralistes le
montrent Les motifs de consultations sont plus souvent des difficultés de
digestion que des ulcères du bulbe Plus souvent des troubles du sommeil que
des psychoses Plus souvent des éruptions qui ne ressemblent à rien que des
éruptions qui ressemblent à quelque chose Or les patients attendent plus ou
moins clairement qu’on leur dise « ce qu’ils ont » Dans le même temps les
médecins pour ne pas faillir à leur mission qui est de faire des diagnostics
n’aiment pas laisser des situations sans étiquettes Les catalogues de diagnostics
comportent donc des « dyspepsies » des « insomnies » des « dystonies
neurovégétatives » des « spasmophilies » etc Les anomalies biologiques et/ou



anatomopathologiques que supposent ces étiquettes sont rarement univoques
quand elles existent Quand il n’y a pas d’anomalie biologique observable il est
d’usage de parler d’un trouble « fonctionnel » ce qui à défaut d’être
rigoureusement documenté n’est pas forcément faux L’origine
psychosomatique de certains troubles éventuellement évoquée n’est pas
toujours communiquée au patient sous cette appellation Encore moins les
références possibles à l’hystérie
Tous ces termes d’allure scientifique ces expressions courantes ne sont en fait
pas tout à fait « fantaisistes » dans la mesure où ils tentent parfois
maladroitement de cerner une réalité pathologique Mais il faut bien admettre
que la rigueur « scientifique » n’y trouve pas toujours son compte (pas plus que
dans certains modes d’exercice ésotériques de la médecine) Certains parlent
même parfois de « diagnostics de complaisance » comme s’il s’agissait en réalité
de faire entrer « de force » des tableaux pathologiques incertains dans des tiroirs
de diagnostics bien répertoriés et argumentés
La plupart du temps ces diagnostics approximatifs paraissent satisfaire tout le
monde : les patients qui préfèrent voir nommer la cause de leur trouble et les
médecins qui font leur métier en mettant des noms sur les troubles Mais il faut
reconnaître que ces diagnostics un peu « vagues » sont en réalité peu
satisfaisants pour l’un comme pour l’autre : les patients peuvent deviner que le
nom donné à leur trouble n’est pas complètement explicite les médecins savent
bien qu’ils sont eux-mêmes insatisfaits dans cette situation
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Annoncernle diagnostic tâche normale du médecin ?



Le fait, pour un médecin, d’annoncer un diagnostic à son patient est d’une
grande banalité. Ceci peut faire oublier que si la démarche du médecin a une
dimension technique, l’état d’esprit du patient est plutôt celui de quelqu’un qui,

veulent savoir sauront, ceux qui ne le souhaitent pas douteront. De toute façon,
les droits des uns et les devoirs des autres ne peuvent aboutir à une information
rigide et stéréotypée du patient : là comme ailleurs en médecine, il y a beaucoup
plus de cas particuliers que de règles générales.
Quand il s’agit de médecine préventive, ou, plus récemment, de médecine

prédictive (cf. infra), l’annonce d’un diagnostic, ou d’une situation à risque, ou
d’une évolution péjorative ultérieure, peut prendre à l’occasion une allure de
tragédie antique, d’une sorte d’oracle.

Les patients ne s’y trompent pas qui
attribuent au médecin le rôle de celui qui peut dire la vie et la mort. Il ne faudrait
pas que l’obligation d’informer déshumanise ces moments quelquefois difficiles
de l’exercice médical. Dans le cas où une relation au long cours, particulièrement
en médecine générale, se tisse entre un patient et son médecin, chacun sait
parfois un peu mieux ce qu’il peut attendre de l’autre, et chacun juge un peu
mieux ce que l’autre peut supporter.
Annoncer un diagnostic sous-entend que l’on sait précisément ce qu’est un
diagnostic. Or, il est habituel que la notion de diagnostic dépasse largement le
simple étiquetage nosologique, et ce pour plusieurs raisons.
– Un diagnostic « complet », c’est-à-dire vérifié par la biologie et/ou la
radiologie et authentifié par l’anatomopathologie reste une éventualité
relativement rare, en particulier dans l’exercice de la médecine générale. Braun [3]
estimait que pendant ses 36 années d’exercice, ses « résultats de consultations »
ne comportaient que 10% de diagnostics « complets ». Tout le reste rassemblait
des symptômes, plus ou moins isolés ou nombreux, parfois regroupés en
« tableaux de maladies ».
– Mettre un nom, le plus précis possible, sur une maladie est évidemment
utile, ne serait-ce que pour se référer aux classifications existantes. Mais tout le
monde sent bien qu’il n’est ni logique ni efficace de s’en tenir à un diagnostic qui
serait « centré sur la maladie ». Par exemple, Monsieur A. et Madame B. peuvent
être, tous deux, atteints de diabète avec des paramètres cliniques et biologiques
identiques. Ils ont donc, tous les deux, la même étiquette dans la classification des
maladies. Mais il y a toutes chances pour que tout le reste soit différent. Tout le
reste, c’est-à-dire le passé de chacun, son éducation, son profil psychologique, son
niveau d’intelligence, son activité (ou inactivité) professionnelle, sa façon de voir
la vie, ses croyances, ses peurs, sa relation avec la médecine et les médecins, ses
problèmes familiaux, son entourage, etc. Or, à des degrés divers, tous ces
éléments interviennent dans la détermination de ce problème de santé actuel
que l’on appelle « diagnostic ». Comment ne pas en tenir compte dans la mesure
où la maladie de Madame B. et celle de Monsieur A.

risquent d’évoluer de façon
très différente s’ils sont eux-mêmes très différents ? Il n’est pas exagéré de dire
qu’il ne s’agit en fait pas de la même maladie. Il est donc indispensable d’inverser
la démarche : il ne s’agit plus d’un diabète chez Monsieur A. ou Madame B., mais
de Monsieur A., ou Madame B. atteints d’un diabète. De « centré sur la maladie »,

le diagnostic, comme l’a illustré Balint [1] est maintenant centré sur le patient. Cette
simple modification d’optique change tout, y compris dans l’annonce d’un
diagnostic de maladie, annonce nécessairement personnalisée.
– Les paramètres de personnalité propres à chaque patient s’ajoutent donc au
diagnostic « biomédical » classique pour le compléter. Cet « état des lieux »
diagnostique provoque, même s’il s’en défend, des réactions variées chez le
médecin. En principe, ce dernier ne devrait pas réagir de façon différente lors de
l’apparition d’un diabète chez quelqu’un qu’il aime bien (ou trop) et chez
quelqu’un qu’il n’aime pas beaucoup (ou pas du tout). En réalité, pourquoi le

médecin serait-il la seule personne capable de maîtriser complètement son
affectivité ? Heureusement, la pratique médicale permet de ne pas trop montrer
ses sentiments, mais les inconscients du patient et du médecin communiquent en
général assez bien… D’une certaine façon, chaque soignant devrait tenir compte
de ses réactions personnelles au cours de chaque démarche diagnostique et au
moment de faire part de ce diagnostic.
L’évolution des mentalités, traduite récemment par le Code de déontologie,
amène le médecin à se sentir obligé d’informer son patient de façon plus précise
qu’auparavant. Ceci ne fait jamais que traduire ce qui devrait se passer dans toute
relation d’adulte à adulte, tout en laissant au médecin, s’il le juge nécessaire, la
possibilité de ne pas dire, ou de ne pas tout dire.


théorique et pratique a été dans ce sens. On lui a répété, comme une sorte de
refrain, qu’il n’avait « pas le droit de passer à côté de tel ou tel diagnostic ». La
formation médicale continue des médecins a poursuivi dans ce sens. Bien
évidemment, il y a du pertinent dans cette attitude : il va de soi qu’il faut s’efforcer
de mettre une étiquette précise chaque fois que des décisions réfléchies et/ou
rapides peuvent améliorer une situation, voire sauver une vie. Personne ne
conteste cette façon de faire, bien qu’un diagnostic rigoureux ne soit applicable
qu’à une partie des actes médicaux. Par ailleurs, la fameuse consigne : « ne pas
passer à côté d’un diagnostic », si elle a une logique propre, contribue à faire naître
une certaine culpabilité larvée chez les médecins. Ce sentiment de culpabilité
risque d’entraîner des procédures de réassurance sans fin, à base d’examens
répétés mais pas nécessairement justifiés.
Dans un autre ordre d’idées, trois questions au moins n’ont pas de réponse
simple.
– Vouloir à tout prix aboutir à un diagnostic ne risque-t-il pas de proposer des
diagnostics peu argumentés scientifiquement, approximatifs, discrètement
fantaisistes, voire tout à fait fantaisistes ?
– L’élaboration d’un diagnostic est-elle identique en médecine spécialisée et
en médecine générale ?
– Le fait d’annoncer un diagnostic, dans certains cas, ne va-t-il pas favoriser
l’ancrage d’un patient autour d’un mot ou d’un concept qui ont peu de chance de
résumer vraiment ses problèmes ? Et cet « ancrage » ne peut-il figer une situation
plutôt que la laisser évoluer, éventuellement, de façon personnelle et
constructive ?

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Anesthésies médullaires



Les anesthésies médullaires sont indiquées en
chirurgie sous-ombilicale et des membres inférieurs.
 
Elles comportent trois techniques :
– la rachianesthésie [4] ;
– l’anesthésie péridurale [3] ;
– l’anesthésie caudale [3] (fig 2).
Elles réalisent un blocage médullaire des fibres
sensitives (analgésie) motrices (bloc moteur) et
sympathiques (vasodilatation). La différence de
sensibilité des trois types de fibres est responsable
d’un « bloc différentiel » l’intensité et la durée du bloc
seront différentes sur les fibres motrices sensitives et
sympathiques (fig 3). Le bloc moteur est le moins
étendu et le moins prolongé. Le bloc sensitifet elle est entretenue ou adaptée par voie péridurale.
C’est l’analgésie obstétricale qui a le plus bénéficié de
cette évolution.

Anesthésie caudale
Très utilisée en pédiatrie et en chirurgie
génitopelvienne elle correspond à une anesthésie
péridurale basse réalisée au niveau du hiatus
sacrococcygien. L’extension limitée du blocage
sympathique garantit la discrétion des effets
hémodynamiques. Elle garde des indications
analgésiques chez l’adulte en chirurgie anorectale.
â Anesthésies plexiques ou tronculaires
Blocs du membre supérieur
Toute la chirurgie du membre supérieur
programmée ou urgente peut être réalisée sous
anesthésie locorégionale [10]. En fonction de
l’intervention il faudra choisir entre un bloc du
plexus brachial ou des blocs tronculaires des
différents nerfs. Pour la chirurgie de l’épaule
(arthroscopie prothèse totale ou réparation
ligamentaire) un bloc plexique sus-claviculaire est
suffisant alors que pour la chirurgie de la main un
bloc plus distal des différents nerfs au niveau du
coude ou du poignet est envisageable. Enfin les
blocs digitaux sont possibles pour des interventions
très distales (panaris plaies digitales). Un cathéter
introduit dans la gaine du plexus brachial permet de
réaliser des interventions de très longue durée
(réimplantation de membre de doigt) d’assurer une
analgésie sur plusieurs jours et d’améliorer la
vascularisation dans les gelures. Des études récentes
suggèrent que l’incidence des algoneurodystrophies
serait réduite dans la fracture de Pouteau-Colles si
l’anesthésie et l’analgésie étaient assurées par une
technique locorégionale.
Les abords sus-claviculaires du plexus brachial
exposent à certaines complications rares mais qui
doivent être retenues. Les risques de dépression
ventilatoire par bloc du nerf phrénique et de
pneumothorax limitent les indications de la
technique chez l’insuffisant respiratoire.
Blocs du membre inférieur
Si le membre supérieur est innervé par un seul
plexus nerveux le membre inférieur est sous la
dépendance de deux plexus lombaire et sacré ce
qui nécessite de réaliser deux abords et deux
ponctions pour le bloquer. Probablement pour cette
raison les blocs plexique ou tronculaire du membre
inférieur sont moins populaires que ceux du
membre supérieur. Cependant ces blocs procurent
une analgésie de qualité remarquable [9].
¦ Blocs du plexus lombaire
Le plexus lombaire est responsable de
l’innervation sensitivomotrice de la région antérieure
de la cuisse d’une partie du genou et du bord médial
de la jambe. Un bloc complet du plexus lombaire
nécessite un abord postérieur à travers les muscles
carrés des lombes et psoas. Cet abord est
sous-employé remplacé par un abord antérieur au
niveau du nerf fémoral dans le triangle de Scarpa
qui ne procure qu’un bloc analgésique.
Les indications du bloc du plexus lombaire sont
nombreuses concernant toute la chirurgie ou la
traumatologie de la hanche du fémur et du genou.
L’efficacité des blocs du plexus lombaire dans les
fractures du fémur est connue mais des travaux bloc moteur est de meilleure qualité. Cette
excellente anesthésie est obtenue avec de faibles
volumes d’anesthésique local limitant les risques
de leurs effets systémiques. Cependant les effets
tensionnels sont plus marqués avec la
rachianesthésie et l’introduction d’un cathéter
pour prolonger le bloc n’est actuellement plus
recommandée une dizaine de cas de syndrome
de la queue de cheval ayant été rapportés.
L’anesthésie péridurale nécessite des volumes
d’anesthésiques locaux plus importants et une
latence d’action plus longue. Cependant
l’extension et la qualité du bloc peuvent être
adaptées en fonction des besoins absence de
bloc moteur pour le travail obstétrical jusqu’au
bloc moteur complet en chirurgie orthopédique
[4]. La mise en place d’un cathéter dans
l’espace péridural est facile permettant de
prolonger l’anesthésie ou l’analgésie pendant
plusieurs heures ou plusieurs jours en associant
anesthésiques locaux et morphiniques.
Depuis quelques années il est possible de
combiner ces deux techniques. La « rachipériséquentielle
» [4] associe une rachianesthésie et une
anesthésie péridurale ; l’analgésie est induite très
rapidement par l’injection de morphinique ou d’un
anesthésique local dans l’espace sous-arachnoïdienAnesthésie péridurale ou épidurale
L’espace péridural est l’espace virtuel compris
entre le ligament jaune et la dure-mère. Il est
largement ouvert au niveau des trous de
conjugaison. L’anesthésique local à ce niveau agit
par deux mécanismes un blocage médullaire
nécessitant de traverser la dure-mère et un blocage
des racines nerveuses au niveau des foramens
latéraux. L’anesthésie péridurale est possible à tous
les étages du rachis même cervical.
L’espace péridural est abordé au niveau d’un espace
interépineux le plus souvent lombaire ou thoracique
bas. La ponction réalisée avec une aiguille de Tuohy
recherche l’espace péridural juste après le
franchissement du ligament jaune. Il est habituellement
identifié par un changement brutal de résistance à
l’extrémité de l’aiguille et par la pression négative qui y
règne. Chez la femme enceinte la taille de l’espace
péridural est réduite en raison de l’engorgement du
plexus veineux péridural la pression y est plus positive
et le ligament jaune est moins résistant. Ces trois
conditions expliquent que les brèches durales au cours
de l’analgésie péridurale obstétricale sont plus
fréquentes.
Fondamentalement anesthésie péridurale et
rachianesthésie sont équivalentes. Avec la
rachianesthésie l’installation est plus rapide et le



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Tableau I. – Les différents anesthésiques locaux disponibles.



sont plus efficaces L’association morphiniqueanesthésiques
locaux est synergique À toutes doses

les morphiniques peuvent être responsables de
nausées de vomissements d’un globe vésical et de
prurit

responsable de l’analgésie est de durée
intermédiaire Le bloc sympathique le plus prolongé
et le plus difficile à apprécier est responsable des
effets hémodynamiques en provoquant une
vasodilatation veineuse capillaire et artérielle En
l’absence de compensation cette sympatholyse est
responsable d’une hypotension artérielle Si
l’extension du bloc sympathique est excessive il
existe un risque de sympatholyse cardiaque avec
syncope vagale
La chute tensionnelle liée à la vasodilatation est
habituellement compensée par une vasoconstriction
réflexe des territoires non bloqués et une
augmentation du débit cardiaque Cette
augmentation obligatoire du travail myocardique est
parfois mal supportée chez le coronarien ou
impossible chez l’insuffisant cardiaque sévère
Certaines pathologies (cardiomyopathie obstructive
hypertension artérielle non traitée…) ou certaines
thérapeutiques (inhibiteurs de l’enzyme de
conversion de l’angiotensine diurétiques…) altèrent
les capacités d’adaptation et majorent le risque
d’hypotension L’utilisation de vasoconstricteurs
préférentiellement veineux (éphédrine) permet de
limiter les effets hémodynamiques de la
rachianesthésie

Rachianesthésie
La rachianesthésie [4] réalisée par l’injection d’un
anesthésique local dans l’espace sous-arachnoïdien
au cours d’une ponction lombaire est remarquable
par la qualité de l’anesthésie offerte sa rapidité et
son taux de succès proche de 100 % Pour ces
raisons elle reste très largement utilisée
particulièrement en urgence Ses indications se sont
élargies à la césarienne avec des avantages
supérieurs à l’anesthésie générale L’espace
sous-arachnoïdien étant une porte ouverte sur les
centres supraspinaux une substance peu liposoluble
injectée à ce niveau y sera transportée par le LCR En
chirurgie cardiaque ou thoracique une analgésie
peropératoire et postopératoire efficace est possible
grâce à l’administration intrathécale par voie
lombaire de morphine ou de clonidine
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